Jour-Jn’est pas seulement synonyme de
débarquement, même s’il l’a été pour une part. Cela correspond aussi à des opérations navales, de parachutages, d’installation d’infrastructures et de combats à l’intérieur des terres. Par ailleurs, il apporte une réussite assez coûteuse aux Alliés, sans les sortir d’une situation de vulnérabilité. Enfin, il est le symbole d’un nouvel espoir, celui de la libération prochaine et à terme, de la fin de la guerre. Alors qu’il est vu comme une diversion par Hitler, le débarquement du 6 juin est considéré par la population française et par beaucoup d’Américains et de Britanniques, à l’extrême inverse, comme la garantie d’une victoire rapide. La vérité historique est « seulement » que le débarquement est le point de départ de longs et durs combats en Normandie, puis en France, en Belgique et dans le Reich lui même, jusqu’à la capitulation.
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La côte qui fait face à la task force Est ou « armée de libération britannique » présente une configuration bien différente des secteurs américains. Sur Sword, nom de code donné au secteur le plus à l’Est, près de l’Orne, il n’y a pas de falaises mais simplement un léger replat. La côte y est beaucoup plus construite car les lieux de villégiature y essaiment.
La plage de débarquement, divisée en quatre sous-secteurs (Oboe, Peter, Queen et Roger) se situe entre St Aubin-sur-mer et Ouistreham.
La 3e DI britannique du 1er corps, commandé par le lieutenant-général John Crocker, doit y prendre pied à partir de 7h30. La préparation navale dans le secteur de Sword est particulièrement lourde : les navires de guerre doivent couvrir le flan Est de l’invasion ; ainsi 13 destroyers, cinq croiseurs (l’Arthusa, le Frobisher, le Maurituis, le Dragon, le Danae et le Scylla), le monitor Roberts et les cuirassés Ramillies et Warspite pilonnent divers points d’appui côtiers entre Villerville (à l’Est de l’Orne) et Colleville pendant deux heures.
Quelques minutes après le bombardement naval, à partir de 7h25, les premières troupes britanniques touchent terre. Leurs pertes sont assez limitées car les Allemands, « assommés » par les bombes ne réagissent que plus tard dans la journée. A Lion et Ouistreham, les Churchill « Crabe » (chars fléaux) font sauter les mines et ouvrent des brèches pour les soldats de la première vague. Néanmoins, à Ouistreham, le 736e régiment de grenadiers oppose une vive résistance au 4e commando -commando Kieffer, composé de 177 fusiliers-marins français. Celui-ci est chargé de prendre le casino de Ouistreham transformé en casemate. La place forte tombe rapidement grâce à l’audace des commandos et à l’intervention d’un char Cromwell.
En revanche, la situation sur la partie Ouest de la plage est beaucoup plus difficile pour les 48e et 41e commandos britanniques qui restent cloués sur la plage, soumis à un feu nourri. Il faut l’intervention de Churchill « pétard » (pourvus de mortiers de 190mm) et de péniches lance-roquettes pour redresser la situation ; mais les commandos parviennent à peine à pénétrer dans Luc-sur-mer et St Aubin. Les Britanniques enregistrent 630 pertes sur la plage.
Le secteur de Sword connaît d’abord deux incidents: à l’approche de la côte, quatre vedettes lance-torpilles venant du Havre lancent leurs torpilles à travers un rideau de fumée immédiatement déployé : elles coulent l’unique destroyer norvégien de l’invasion, le Svenner. Puis, après l’ouverture des premières péniches, deux FW 190 commandés par le lieutenant-colonel Josef Priller mitraillent la plage pendant quelques minutes avant de repartir plein gaz, poursuivis par les chasseurs alliés.
Mais c’est le risque de congestion qui menace le plus le secteur de Sword : il n’y a que deux sorties à la plage.
Les 8e, 9e et 185e brigades progressent vite vers Caen, même si la partie Ouest de la plage a été abandonnée. Dans la matinée, les hommes de la 3e DI emmenés par Lord Lovat, relèvent la 5e brigade parachutiste (6e airborne) près du pont. A ce moment, des tireurs allemands sont encore embusqués sur les toits du château de Bénouville.
A partir de 13h30, les bombardiers de la 8e air force (RAF) larguent leurs bombes au-dessus de Caen. Leur objectif est de bloquer les rues principales : la rue du Gaillon, du Vaugueux, St Pierre, la place de la mare et la rue St Jean, empêchant ainsi la montée au front de la 21e panzerdivision. Le deuxième bombardement, effectué par la 9e air force (USAAF) débute à 16h30 ; avec le même but, il vise les quatre ponts de Caen sur l’Orne. Grâce à ces opérations aériennes, les Anglais doivent prendre la ville le 6 juin. En dépit des 2 613 sorties d’appareils alliés dans le secteur de Caen (sur un total de 14 674 le 6 juin), aucun pont n’est détruit ce jour-là et la population civile subit 330 morts à cause des bombardements. Le soir, 10 000 caennais quittent la ville pour se réfugier à l’arrière de la zone des combats. Leur mouvement gêne celui des unités allemandes montant vers le front.
Feuchtinger rassemble sa 21e division panzer dès 6h30 du matin et en lance quelques éléments contre les parachutistes britanniques, mais il n’envoie ses unités qu’au compte-goutte. En effet, il doit attendre trois heures et demi après ses premières attaques l’ordre de contre-attaquer avec toute la division. En fait, personne n’est présent pour donner l’ordre d’attaquer : Hitler dort, Rommel est à Herrlingen, près d’Ulm, dans sa famille.
Enfin, à 10h, la division, placée sous le commandement du 47e panzerkorps, reçoit l’ordre d’attaquer contourne Caen par l’Est : déjà des rues sont infranchissables à cause de l’écroulement des maisons bombardées. Un groupe de 28 panzers contre-attaque sur Lébisey et un autre de 29 sur Biéville. Une colonne de 50 chars se dirige vers la mer mais subit 50% de pertes sous le feu des canons britanniques et se replie. A 20h00, quelques éléments de la division atteignent la mer dans le couloir tenu par le 736e régiment de panzergrenadiers, mais le gros de la division est replié entre Lébisey et Caen.
Pendant la journée du 6 juin, la 3e DI britannique organise son attaque de la manière suivante : pendant que la 6e airborne reçoit des renforts, des vivres et des munitions par planeurs, les 8e et 9e brigades, ayant des problèmes de commandement, se placent tant bien que mal sur le flanc Ouest de la tête de pont formée par les troupes de Sword. Pendant ce temps, la 185e brigade s’élance sur Caen mais est arrêtée par une quarantaine de panzers dans le secteur de Biéville et Beuville, quelques kilomètres seulement au Nord de Caen. L’attaque sur Caen est donc impossible : le verrou blindé allemand commence déjà à s’installer solidement dès le premier jour de l’attaque. A la fin de la journée, 28 845 soldats britanniques tiennent une tête de pont au Nord et au Nord-Est de Caen. Mais la jonction avec les Canadiens de Juno n’est pas réalisée et l’avancée des soldats s’arrête avant les faubourgs Nord de Caen.
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Cet article a été mis à jour pour la dernière fois le 15/08/2006.
pétard(armé d’un mortier de 290mm)
Le secteur canadien de Juno Beach se situe entre St Aubin et Graye-sur-mer, à l’Est de Sword ; la côte a une configuration proche de celle de Sword Beach : peu élevée et très bâtie.
Avant le débarquement des troupes proprement dit, les croiseurs Belfast, Flores et Diadem appuyés par onze destroyers font feu deux heures durant sur les positions côtières.
Seulement sept minutes après le bombardement aérien, à 8h00, les 15 000 hommes de la 3e DI canadienne (1er corps britannique) s’élancent sur les deux sous-secteurs de Juno Beach : Mike, face à la petite ville côtière de Courseulles et Nan, en face du village de Bernières. Le débarquement se déroule dans le calme ; les Allemands restent encore « sonnés » par le bombardement. Pourtant une pluie de mortier de 81 mm oblige rapidement les Canadiens à s’enfoncer dans l’arrière-pays. Mis à part le mauvais temps, les difficultés sur la plage de Juno se présentent à la compagnie B, clouée sur la plage par le tir soutenu du blockhaus de la Cassine. Elle enregistre 65 pertes en quelques minutes avant qu’un LCF, voyant la situation, réduise l’ouvrage au silence. Débarqués sur Nan, le 48e commando doit faire la jonction a avec les Britanniques de Sword ; un fort point de résistance à l’entrée de St Aubin leur interdit la route côtière, empêchant ainsi la jonction des têtes de pont : 341 commandos sur 630 sont mis hors de combat. En dépit de ces fortes pertes, ils ouvrent des brèches dans les barbelés et progressent vers Langrune-sur-mer mais ne parviennent pas plus loin le Jour-J.
Dans la journée, les Canadiens créent une tête de pont de 10 à 12 km à l’intérieur des terres : ils libèrent Courseulles (4e commando), Berniéres, St Aubin, Graye, Tailleville, Banville, Reviers. Dans la soirée, suivant les deux routes qui mènent à Caen, les hommes de la 7e brigade atteignent même Le-Fresne-Camilly, tandis que ceux de la 9e brigade arrivent jusqu’à Anisy, petit village au Nord-Ouest de Caen. Trois chars Sherman du 6e bataillon de la 7e brigade canadienne effectuent même un véritable coup d’éclat : partis en éclaireurs, ils pénètrent dans les lignes allemandes et arrivent en trombe sur la place principale de Camilly. Ils prennent au dépourvu plusieurs dizaines d’Allemands et les font courir sous la menace des mitrailleuses vers l’arrière de front où ils sont capturés par les Canadiens venus en renfort.
Les Canadiens font la jonction avec le secteur de Gold sur leur flanc Ouest mais la situation à l’Est et la jonction avec Sword reste problématique à cause de la résistance du 736e bataillon de grenadiers à Luc-sur-mer et au radar de Douvres-la-Délivrande. Pas plus que sur la côte les soldats de la 8e brigade canadienne ne parviennent à traverser le couloir de résistance allemande qui sépare les deux secteurs. A Périers-sur-le-Dan, plus au sud dans cette même zone, une batterie de quatre canons allemands « oubliés » par la marine alliée fait barrage à un bataillon de tête de la 3e DI canadienne : leur prise coûte trente soldats, deux officiers et fait perdre une précieuse heure au bataillon.
A la fin de la journée, 21 400 hommes et 3200 véhicules sont débarqués. Les Canadiens comptent au total 925 pertes. Les soldats de la 3e DI canadienne, faisant preuve de beaucoup de combativité, installent une solide tête de pont qui, si elle n’atteint pas l’objectif fixé derrière la ligne de chemin de fer Caen-Bayeux, est déjà proche de Caen.
Preuve de la détermination canadienne -qui compense une certaine vulnérabilité inhérente à toute situation de tête de pont- le régiment de la Chaudière désorganise le 7 juin une contre-attaque de la 21e panzer à Cairon, détruisant 17 blindés allemands à la sortie du village. Pourtant, ce n’est que le début d’une longue série de durs combats qui constituent, pendant plus d’un mois et demi, la bataille de Caen.
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Cet article a été mis à jour pour la dernière fois le 15/08/2006.
Gold, secteur britannique, se situe entre Mont-Fleury et Port en Bessin. Le débarquement n’est prévu que sur l’Est du secteur, de Mt Fleury à Arromanches : de grandes plages de sable et de galets s’y étendent de la mer à un cordon dunaire semé de positions bétonnées. En arrière de ces dunes, une zone marécageuse ne s’arrête qu’au pied de hautes collines qui offrent de bonnes positions défensives. A partir d’Arromanches, la côte se caractérise par de hautes falaises qui se prolongent jusqu’au secteur américain d’Omaha Beach.
Sur ces falaises, des éléments de la redoutable 352e DI tiennent un ancien sanatorium bétonné pouvant prendre en enfilade la plage de Gold avec son canon de 88mm. A l’Est du secteur, quelques éléments de la 716e DI allemande devraient opposer moins de résistance. La plage de débarquement elle-même est divisée en quatre sous-secteurs, d’ouest en est, Item, Jig, King et Love. Doivent y débarquer les soldats de la 50e DI britannique(30e corps) ; correspondant grosso modo aux sous-secteurs, les bataillons d’assaut 1er Hampshire, 1er Dorset, 6e Green Howard et 5e East Yorkshire sont les premiers à y prendre pied. La 50e DI a ensuite pour mission de libérer Arromanches, de couper la route Caen-Bayeux pour empêcher l’envoi rapide de renforts allemands sur les plages, de libérer Bayeux et de faire la jonction avec les Américains d’Omaha à Port-en-Bessin.
Les quatre croiseurs Orion, Esmerald, Argonaut et Ajax accompagnés de treize destroyers ouvrent le feu à partir de 5h30 sur les batteries côtières allemandes situées entre Mt Fleury et Port-en Bessin. A 7h30, suivant les sapeurs et les chars spéciaux, les premiers soldats des bataillons d’assaut touchent terre. Ils sont vite soumis à un feu nourri à l’Est de la plage provenant du sanatorium. Néanmoins, les canons allemands en raison de leur orientation, ne peuvent balayer que le haut de la plage, permettant ainsi un débarquement normal. La 50e DI perd 413 hommes sur la plage.
Le 915e régiment allemand retranché d’Arromanches à Asnelles est bien vite repoussé mais les artilleurs de la 352e DI ne sont réduits au silence que par des Churchill spéciaux. La batterie de Longues-sur-mer (quatre canons de 155mm) engage un duel avec l’Ajax, l’Arkansas, le Montcalm et le Georges-Leygues avant d’être mise hors de combat. Mais au soir du Jour-J, ses artilleurs tiennent toujours la position face à l’infanterie britannique. A midi, le 47e commando, difficilement débarqué devant Arromanches, atteint son objectif : libérer Port-en-Bessin. Mais les Américains d’Omaha ne sont pas au rendez-vous. Les cinq brigades de la 50e DI progressent rapidement à l’intérieur des terres vers Bayeux et la route qui relie la ville à Caen.
A minuit, une solide tête de pont de 9km sur 9 s’étend le long de la route Caen-Bayeux jusqu’aux faubourgs Nord de Bayeux, déjà virtuellement perdue par les Allemands, devant Longues et déjà à Port-en-Bessin. La jonction étant faite avec les Canadiens de Juno, les objectifs sont donc proches d’être atteints. Le soir, on compte 925 pertes et 39 péniches coulées mais 24 970 hommes débarqués.
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Cet article a été mis à jour pour la dernière fois le 15/08/2006.
Bombardée dans la nuit du 5 au 6 juin, Caen, aux mains des Allemands, devient vite la cible principale de l’aviation et de la marine alliée. Vers 21h00, le 6 juin, la ville subit à nouveau un raid aérien de la 9e air force (USAAF) qui a peu d’effet sur les soldats allemands mais tue 50 civils. Une heure plus tard, 1065 bombardiers lourds de la 8e tactical air force (RAF) bombardent à leur tour les ponts sur l’Orne pour stopper la progression des panzers vers le front. Vire, Lisieux, Coutances, Argentan et St Lô sont également bombardées pour les mêmes raisons. Les incendies se déclarent alors un peu partout dans le centre de Caen et les habitants de Caen ne parviennent pas à les maîtriser. Les dynamiteurs qui doivent faire écrouler des barres de maisons entières pour empêcher la propagation de l’incendie ne remplissent que partiellement leur tâche, sans doute tués pendant un nouveau bombardement à 2h40 le 7 juin. Les 480 Halifax et Lancaster qui l’effectuent détruisent la caserne de pompiers avec son matériel : seul un pompier est sorti des décombres et meurt quelques heures plus tard.
Les secours s’organisent à Caen à partir des centres de secours du Bon sauveur, de St Etienne et du palais de Justice. Ces trois centres forment un îlot sanitaire à partir du 6 juin et après la libération de la ville. Il est épargné par les bombardements car, selon une légende répandue en Angleterre, le jour où les flèches de St Etienne s’écrouleront, la monarchie anglaise tombera. Plus prosaïquement, de grands drapeaux de la croix rouge sont déployés sur les toits de l’îlot sanitaire, indiquant le quartier à préserver. C’est ce qui sauve plusieurs milliers de Caennais pendant la bataille de Caen. Un tiers de la population s’y réfugie lors des premiers jours de juin, soit 18 000 personnes.
La défense passive qui supervise la sécurité des civils, sous la direction de M. Poirier (adjoint au maire) a pour but :
- d’abriter et d’organiser la vie de la population civile
- de récupérer les blessés, de localiser et de dégager les emmurés
- de lutter contre les incendies quand les pompiers étaient débordés
- de rassembler les morts
- d’empêcher le pillage
La défense passive collabore avec la Croix-rouge française, dirigée à Caen par Mme Vieil-Castel. Elle se répartit en trois équipes principales :
- les équipes de secours
- les ambulancières de la Croix-Rouge
- les équipes nationales
Un tribunal civil est tenu pendant tout le siège de Caen et juge surtout les pillages.
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